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Blah Blah C'est beau !

Pourquoi pla.ce.bo ? 

Pourquoi pla.ce.bo. ? Hein ? Alors que, franchement, je préfère courir la Bretagne, la montagne, tout ce qui est accidenté et pentu (quelques cicatrices peuvent en témoigner). Serait-ce cette fameuse conquête de l'inutile (cf. un extraordinaire témoignage de Lionel TERRAY qui a longtemps été un de mes livres de chevet), ce défi insensé à la raison qui me fit m'aventurer dans un désert scientifique, dans un no man's land aride où ne survit que le blabla de quelques beaux parleurs au milieu de mirages d'oasis asséchés ? Seuls quelques psychiatres ne paraissent y perdre que la moitié de leur latin. Quoique...

Dès le début de mes études médicales, j'avais fait une rechute de la maladie du dictionnaire. Celle-ci ne s'attrape pas à cause d'un réseau de tuyauteries mal conçu mais est plutôt du genre  " tombé dedans quand on est petit ". Un achat déterminant se trouva être celui du Dictionnaire de Médecine de Flammarion dont je me procurai la première édition dès sa parution (1975). Et la définition de placebo trouvée là s'est incrustée dans mon usine à gaz neuronale.

Puis, plus rien pendant 20 ans, ou presque. Au milieu des années 90, je commençais à approfondir un sujet abordé 15 ans plutôt sous l'angle chromatographique : quelles relations entre le silicium et le vivant ? Et là, bien sûr, je retombais sur une des rares données le concernant rencontrées durant mon cursus médical. En dehors de la relation bien connue entre silice cristalline et silicose des mineurs, c'est bien la présence de silice colloïdale dans énormément de médicaments où il est annoncé comme excipient qui frappe le plus l'entendement. Pourquoi la silice comme excipient ?

Et puis la "folie du Web" m'a pris aussi vers la même époque. Surfez c'est bien, mais très vite on s'imagine qu'il faut apporter sa contribution. Et originale de préférence. Monter son site personnel donc. Et là... De nombreux tatonnements et erreurs vous font penser très vite que ce n'est pas demain, ni même après-demain, que vous deviendrez le Mozart de l'HTML, l'Archimède du copié-coupé-collé (et surtout coulé), le Vinci du jpeg, le Gutenberg de la mise en page. Quant au contenu... Que dire ?... Que dire de nouveau sur la médecine, sur la biologie, et sur la recherche dans ces domaines qui n'ait déjà été écrit, commenté, réfuté, réhabilité, enterré une n-ième fois, tout en restant intéressant pour des lecteurs aléatoires qui n'ont pas forcément une grande culture médicale mais plutôt une grande curiosité générale. Et puis, il y a aussi les confrères ou collègues qui ne vous "louperont" pas en cas de médiocrité avérée ? Assez prétentieusement, mais fort confusément au début du moins, j'ai alors décidé qu'une de mes contributions serait d'apporter un  éclairage contrasté sur quelques-unes des contradictions et autres paradoxes accumulés au fil de notre histoire médicale, et qui encombrent fort les esprits les plus fringants, et même les autres... N'étant ni Céline, ni Tchekhov, ni Rabelais, tous médecins avec une plume de belle allure à leur caducée, je pensais pourtant que seule une certaine distinction d'écriture, sinon littéraire, était à même de faire passer des messages clairs, sinon vulgarisateurs, sur ces sujets complexes. L'apprentissage se fit dans la douleur forcément et mes premiers lecteurs (vous) durent bien (et doivent encore) bien s'accrocher pour aller au bout de mes démonstrations. De temps en temps, une critique presque positive vous fait chaud et vous insistez pour remettre du combustible dans la chaudière et pour pousser les feux. Le Palissy nouveau est arrivé. Placebo s'est alors trouvé pris dans une interrogation locale légèrement obsessionnelle. Pourquoi tant de définitions assez peu cohérentes finalement, alors que le placebo est un des théorèmes princeps de l'expérimentation clinique et de la médecine dite factuelle ? Cette contradiction me fit intervenir sur le forum fr.bio.medecine puis plus tard je composais une première page qui s'est enrichie quelque peu avec le temps, mais qui n'évoluera plus. 

Et puis le démon de l'étude m'a repris. Fin 2001, je m'inscris à un DIU de Méthodologie de la Recherche Clinique et Epidémiologique. En cours d'année nous apprenons qu'un mémoire sera nécessaire en plus du contrôle de connaissance (ce qui n'était absolument compris dans le contrat au moment de l'inscription, d'ailleurs assez onéreuse). Quatre enseignants viennent chacun une semaine nous apporter la bonne parole depuis la Cité de la Bonne Mère, depuis Marseille. Le dernier d'entre eux, LE professeur est là pour nous parler des essais cliniques. Et ce qui devait arriver arriva. Il nous donne sa définition du placebo. Immédiatement, et bien impertinemment je l'interromps : " Votre définition est très approximative sinon inexacte et voici pourquoi... " Le Flammarion a dû en rosir de contentement dans ma bibliothèque, car l'enseignant admit l'argument. Le lendemain, je lui donnais les lettres de Golomb (Paradox of placebo) et la réponse de Shoemaker (Benefits of placebos) parus dans Nature. N'ayant reçu aucun message de sa part infirmant cette analyse, je décidais d'en faire l'axe porteur du fameux mémoire et ma fameuse "première page" tint lieu de squelette. Il fallait aussi aller plus loin. Critiquer sans proposer de solution de rechange, de porte de sortie, ne sert à rien et est même potentiellement dangereux. Le standard placebo s'est imposé comme nécessaire absolument (Golomb encore, mais en allant un peu plus loin) . Et la silice solloïdale n'est pas forcément un choix au hasard...

La soutenance ne fut pas triste. Franchement, je ne m'attendais pas à autant de questions (ce n'était quand même qu'un mémoire de DU). Heureusement, j'avais quelques réserves d'arguments (tout n'est pas dans le mémoire) et je crois m'en être tiré avec certains honneurs. J'ai pourtant bien senti que ma démonstration n'avait pas fait plaisir à tout le monde... 

Une présentation de ce travail à la réunion clinique mensuelle du CHU où je travaillais alors fut accueillie par un drôle de silence : pas de questionnement, seulement des chuchotements. Les opinions recueillies ultérieurement me confirmèrent que le message avait été assez bien compris. Il était seulement tellement inattendu, tellement contradictoire avec les paradigmes anciens, qu'il s'est accompagné d'une tétanisation immédiate sans séquelle apparente. Quoique...

Ce retour ironique, mais pas seulement, sur la genèse de ce texte iconoclaste est là aussi pour exorciser, tout en les confirmant sans doute un peu, d'autres opinions recueillies, et qui sont franchement négatives, elles : 
. analyse borderline
. attitude anti-scientifique, 
. qu'est-ce que vous avez besoin de provoquer les industriels pharmaceutiques ? 
. et tout ça, ça nous mène où ?
etc. 

Je trouve en fait assez plaisant, sinon très drôle le contraste de ces jugements. Il semble bien que des intérêts importants, et pas seulement financiers, puissent être mis dans un perspective incertaine. Lesquels ? Il vous appartient désormais de lire entre les lignes...

Méfiance, tout de même.

 

Quatre réactions significatives :

 . l'une provenant du Dr Jeanne ETIEMBLE du Service Commun d'Expertise Collective (SC14) de l'Inserm : " Merci pour l'information nous en ferons bon usage ! Nous sommes particulièrement confrontés à cette question pour l'évaluation des psychothérapies "

. l'autre provenant du Pr. Emmanuel HIRSCH, responsable de l'Espace Éthique de l'AP-HP, à qui je venais de faire une brève présentation de ce travail : « Cela veut donc dire que l'on peut manipuler un essai clinique à volonté. » Et moi de répondre « Je n'ai rien dit de tel. » Ce responsable n'est pas médecin, juste philosophe...

. la dernière du Dr Pierre JOLY (pharmacien), de l'Académie Nationale de Médecine et Président de la Fondation pour la Recherche Médicale, qui a transmis ce mémoire au LEEM, le syndicat de l'industrie pharmaceutique, pour réflexion... Et action ?

 

création le 1er octobre 2003
dernière modification le 21 août 2004

 

 

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