Le problème des excipients à effet notoire dans les médicaments...
Docteur Yves ADENIS-LAMARRE
yadelam@club-internet.fr
21 février 2000
Le problème des excipients à effet notoire dans les médicaments est un
problème pratiquement totalement négligé dans nos bases de données
pharmaceutiques.
Références :
BIAM http://www.cri.ensmp.fr/biam/
Excipients à effet notoire et génériques http://agmed.sante.gouv.fr/fr/htm/5/5450c.htm
Liste des principaux additifs alimentaires http://www.tsr.srg-ssr.ch/abe/archive/98/980505b.html
Additifs alimentaires, overdose http://biogassendi.ifrance.com/biogassendi/additifs.htm
Le problème se résume en quelque sorte à la mention "
hypersensibilité à l'un des composants" ou "hypersensibilité à
l'un des autres composants". La plupart du temps, les monographies des médicaments
ne mentionnent que la présence de l'excipient sans signaler autrement que par
la mention "hypersensibilité à l'un des constituants" les effets
que peut produire la substance en question. Seuls quelques rares médicaments
le mentionnent. On aurait pu croire que l'outil informatique, de par une
gestion collective des informations, aurait remédié à cette carence, il
n'en est rien. Le médecin doit se débrouiller tout seul dans la jungle des
excipients avec ou sans effet notoire. Une liste très complète est offerte
par la recherche multicritère du Médiavidal, peut-être trop complète......une
autre liste complète sur le site BIAM, une autre limitée à ceux contenus
dans les produits génériques substituables est offerte sur le site
gouvernemental de l'AFSSAPS (agmed). Deux autres en rapport avec les additifs
alimentaires sont signalées ci-dessus.
Au niveau Médiavidal et BIAM, nous avons une liste, mais pas les effets
secondaires provoqués par les excipients.
Sur la liste des excipients des génériques substituables, et des additifs
alimentaires, on est déjà un peu mieux renseigné sur les effets
secondaires.
Sur la liste des excipients à effet notoire de l'Agmed il existe pour chaque
excipient la dose seuil pouvant provoquer un événement médicamenteux indésirable
(EMI).
De toute façon on est pas ou peu renseigné au niveau de la monographie du médicament
sur la dose de l'excipient, ni des précautions à prendre donc le plus
souvent le médecin ne peut informer correctement son patient sur les risques
encourus.
Exemple : alcool benzylique ; avec Médiavidal, on obtient une liste d'une
centaine de médicaments. On peut noter par exemple AMOXICILLINE GNR 500 mg.
La lecture de la monographie montre que l'on peut injecter ce médicament à
un nourrisson tout en faisant attention aux nourrissons de moins de 3 mois à
cause de l'alcool benzylique. Si on s'en réfère à la liste des génériques
sur le site de l'AFSSAPS, on peut lire : contre indiqué chez les enfants de
moins de 3 ans; pas de dose seuil par voie parentérale. Il faudrait se mettre
d'accord.
Note de lecture :
"Alcool benzylique : mortalité néonatale. La FDA fut notifiée en 1981
de décès de nouveau-nés exposés à un agent de conservation dans le salin
servant au rinçage des cathéters installés dans une veine centrale de prématurés
pesant moins de 2,5 kg : dix cas survinrent en six mois dans une institution
tandis que six cas furent observés dans un autre hôpital en 16 mois. La FDA
recommanda de ne plus faire usage de l'alcool benzylique dans ce contexte et
cette «épidémie» de décès prit fin, ce qui peut être considéré comme
un « déchallenge populationnel positif » – GERSHANIK. Clin Res
1981;29:895a – MMWR 1982;31:290"
(La pharmacovigilance de A à Z. livre en ligne de la faculté de médecine de
Montréal. 250 pages. P Biron, 1998.
http://www.pharmco.umontreal.ca/Livre.htm#AZ
)
Exemple : huile d'arachide. La recherche multicritère Médiavidal permet
de ne retrouver que quelques médicaments. Donc un tour sur la liste BIAM :
ces médicaments n'y sont pas mais d'autres, oui. ELENOL (autorisé à tout âge),
BRONCHODERMINE pommade (autorisé après 30 mois), ALLOPURINOL MSD 200/300.
La vérification sur le Vidal permet de retrouver la présence d'huile
d'arachide, mais aucune alerte pour prévenir en cas d'allergie à l'arachide.
Pourtant, sur la liste fournie par l'AFSSAPS est indiqué : risque de survenue
de réactions d'hypersensibilité (choc anaphylactique, urticaire), non
recommandé chez l'enfant de moins de 3 ans, pas de dose seuil, pour toutes
les voies d'administration.
Exemple : la recherche multicritère sur mediavidal ne permet pas de
retrouver les excipients : butyhydroxyanisole et butyhydroxytoluène indiqués
sur la liste de l'AFSSAPS. La BIAM donne entre autres, NASALIDE, PEVARYL,
FAZOL, MITOSYL, ALTOPOU. Nulle part n'est mentionné sur les monographies ce
qui est indiqué sur la liste de l'AFSSAPS : risque d'eczéma de contact,
risque d'irritation pour la peau, les yeux et les muqueuses; pas de dose
seuil. Idem pour le chlorure de benzalkonium contenu dans le NASALIDE ou
l'ATROVENT nasal. Il serait pourtant intéressant de pouvoir rattacher à sa
vraie cause une telle intolérance locale.
Exemple : Tartrazine (TERFLUZINE sol buvable) et colorants azoïques :
jaune orange S (TRIELLA, FLEBOSMIL 300, VECTRINE), amarante ( HEXTRIL,
ZARONTIN sirop), rouge cochenille A ( RODOGYL, CIRKAN, OROKEN enf/nourrisson),
azorubine (DAFALGAN 500, DOLIPRANE susp buv, NEOCODION sirop péd). Sur le
site de l' AFSSAPS est indiqué pour ces substances : peut provoquer des réactions
allergiques. Rien au niveau des mentions légales des produits.".
Pourtant, si l'on prend un excipient tel que la Tartrazine, la recherche
permet de savoir que 0.1% de la population est allergique à la tartrazine
(c'est à dire que chaque médecin a en moyenne un patient allergique à la
tartrazine), que les personnes les plus prédisposées sont celles qui sont
allergiques à l'aspirine, que la tartrazine n'est pas indispensable.
Exemple : le groupe E 210 à 219 : acide benzoïque, benzoate de Na, de K,
de Ca, parahydroxybenzoate d'éthyle, de propyle, de méthyle et sels
sodiques. Sur le site de l'AFSSAPS, on peut lire : pas de dose seuil,
dermatite de contact, exceptionnellement des réactions immédiates avec
urticaire et bronchospasmes. Exemples
successifs : SURBRONC sol buv, ADVIL sirop, CARDIOSOLUPSAN, ALFATIL 250gél,
DEPAKINE sirop, BISOLVON sirop, GYNO-DAKTARIN capsule vaginale.
Sur ces 7 médicaments, la monographie précise un risque d'allergie aux
parabens pour BISOLVON, une hypersensibilité à l'un des constituants pour
SURBRONC, DEPAKINE et GYNO DAKTARIN, rien pour ADVIL, CARDIOSOLUPSAN, ALFATIL
(en ce qui concerne les excipients)
Exemple Sulfites : Tous ceux qui reçoivent les Visiteurs médicaux se
souviennent sans doute de la guerre entre laboratoires en 1998 au sujet des
sulfites contenus dans les bêta-lactamines d'un certain laboratoire et qui étaient
sensés être responsables d'un taux d'accidents allergiques supérieur. En
1999, sur les monographies de ces bêta-lactamines, la notification de présence
de sulfites avait disparu, et les VM du laboratoire concerné n'étaient même
pas au courant de cette suppression !